vendredi 6 mars 2015

Entretien sur le Calendrier Electoral de 2016.

Elections de novembre 2011 entachées de fraudes et irregularités.
Dialogue comme préalable.

Point de vue de Aimé Mulumba, un acteur politique de l'UDPS.


Quelques jours après la publication du calendrier électoral par la CENI du très controversé Abbé MALU MALU, notre rédaction a eu à s'entretenir avec un acteur politique Aimé Mulumba membre de l'Union Pour la Démocratie et le Progrès Social, Udps en sigle, qui a pu donner son point de vue à ce sujet.


Aprés la publication du calendrier électoral par la Commission Electoral Indépendante (CENI) pensez-vous que les élections de 2016 auront bel est bien lieu à la date prevue?

Aimé Mulumba:   il y a plusieurs facteurs qui font douter de la crédibilité de ces dates, dans un timing très serré, et ou le financement n’est pas encore assuré. Car Kinshasa n’avait plus le choix, le pouvoir acculé se trouvant dos au mur a été obligé de publier ce calendrier, pressé par ses partenaires internationaux et ses bailleurs de fonds.


Qu'est ce qui vous fait craindre?

Aimé Mulumba:  Les risques de voir Joseph Kabila se maintenir au pouvoir après 2016 sont grands. La crainte est que la commission électorale (CENI) ne retarde le scrutin « faute de moyens financiers ». Il ne faut pas que cet argument soit utilisé pour faire en sorte que les élections ne se tiennent pas dans un temps opportun.


Pensez-vous que le gouvernement de Kinshasa est sincère en publiant ce calendrier? 

Aimé Mulumba:
Comment comprendre que Joseph Kabila est soi-disant président élu, mais il se barricade entre les chars, des camions à canons d'acide, des militaires, des policiers et des mercenaires armés jusqu'aux dents?

Il est à noter que le pouvoir en place n’a pas la volonté de laisser le pouvoir à l’issue des élections apaisées. Il est clair que seul un dialogue sincère peut en amont mettre les conditions d’une paix durable après les élections de 2016.

Pensez-vous que le pouvoir en place ainsi que l'opposition n'ont-ils pas tous tiré de lecon sur les précédents scrutins ?

Aimé Mulumba:  Nous dénonçons tous ceux qui veulent aller aux élections dans des conditions floues et inacceptables car les expériences de 2006 et 2011 sont encore frais dans la mémoire de nos compatriotes qui ont vu leur vote être volé.

En 2016, nous ne pouvons plus accepter les élections avec scrutin à un tour et avec un fichier électoral dont on n’a pas accès et dont Malu Malu peut tripatouiller comme il veut.


Quelle est la solution que vous préconisez pour palier à tout cela, car l'heure semble n'etre pas du tous à l'optisme dans l'opposition qui semble morcele et divisée?

Aimé Mulumba:  Seul le dialogue peut résoudre la crise congolaise née des élections de 2011. » Il y a urgence de convoquer un dialogue politique dans l’esprit de la résolution 2147 et de l’Accord Cadre, particulièrement en ce moment où le peuple congolais, ayant dépassée le seuil de tolérance pourrait être tenté par d’autres solutions qui risquent de réduire à néant les efforts déployés par la Communauté internationale dans le cheminement de la RDC vers un Etat de droit.


Pensez-vous que la classe politique congolaise et le pouvoir en place est-elle prete à rejoindre votre position car l'impression que nous avons est que le pouvoir en place semble faire la sourde oreille a votre appel au dialogue?

Aimé Mulumba:  Nous estimons que c’est à travers ce dialogue que les participants vont définir un nouveau cycle électoral de manière consensuelle en priorisant l’élection présidentielle qui pourra être couplée aux scrutins législatifs dans le délai constitutionnel, conformément à l’article 73 de la Constitution, au plus tard avant le 19 septembre 2016.


Et concretement qu'est ce qui sera dit dans ce dialogue ?


Aimé Mulumba:  Après la publication du calendrier électoral global par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et autres textes législatifs devant permettre la tenue des élections en RDC, nous souhaitons la mise en place d’un observatoire chargé de la certification des résultats des élections, cet organe sera composé des représentants de la Monusco et de ceux de la société civile congolaise, notamment l’Eglise catholique et des Ong actives en matière d’élections telles que » Agir ensemble pour les élections transparentes et apaisées « (ATEA).

Une fois les résultats des élections certifiés, ces résultats ne pourront faire l’objet d’aucune contestation non démocratique ou de compromissions. Les certificateurs devront certifier tous les stades du processus électoral et fournir toutes les garanties nécessaires pour la tenue des élections.


L'opération de revision du fichier électoral étant déjà clos pensez-vous qu'il sera possible d'obtenir de l'Abbé Malu Malu la reprise de cette opération de  réviser de ce fichier?


Aimé Mulumba:   Voilà pourquoi nous exigeons un dialogue pour securiser tout le monde car Malu Malu n'inspirant pas confiance et ne pouvant faire lunanimité compte tenue de son role aupres de Kabila depuis les scrutins de 2006, nous exigeons la fiabilisation du fichier électoral à travers un audit externe du fichier électoral pour garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral. C’est ainsi que nous tenons à ce qu’il y ait un consensus quant aux modalités de cet audit surtout sur le choix du prestataire et de la date. S’agissant de la révision du fichier électoral, nous insistons sur un fichier électoral inclusif et nettoyé en tenant compte de nouveaux majeurs, des Congolais de l’étranger, des non-inscrits, des doublons en amont des prochaines échéances électorales.


Quelles sont les garanties sécuritaire pour la circulation des personnes lors des opérations électorales?


Aimé Mulumba:   Nous pensons enfin pour plus de garantie de part et d’autre, que la présence des témoins et observateurs dans les bureaux de vote doit etre obligatoire et la signature des Procès Verbaux des resultats doit se faire avant tout affichage des resultats devant les centre et les copies des procès verbaux certifiées remis a chacun des témoins et observateurs. Aussi la compilation des résultats nécessite une solution consensuelle pour éviter les contestations futures et la fraude électorale.

Que pensez-vous de la présence militaire ou policière aux allentours des lieux de vote?


Aimé Mulumba:   Nous souhaitons voir le mandat de la Monusco renforcé, pour que la mission Onusienne puisse assurer la libre circulation des personnes lors des opérations électorales et exigeons que les militaires restent dans leurs camps.
Le renforcement de mandat de la Monusco, permettra à la mission Onusienne d’assurer la protection efficace des civils lors des manifestations portant sur les contestations liées au processus électoral. La Monusco doit pouvoir intervenir en faisant usage de la force pour protéger les civils contre toutes violations des droits de l‘homme commises pour toute entité qui réprime les manifestations par un usage disproportionnée de la violence.

Quel est votre mot de la fin?

Aimé Mulumba:   Nous denoncons l'hypocrisie de certains politiciens véreux qui jouent avec le feu et nous mettons en garde toute personne qui veut amener le peuple congolais dans un schéma contraire au bon sens et à l'éthique démocratique. Le peuple congolais avait fait un choix en 2011 et ce choix devait etre reconnu avant tout autre scrutin afin d'appaiser la crise créée par cette situation d'usurpation de pouvoir par Kabila qui dirige par défi.
Voilà pourquoi, nous ne pouvons pas aller aux élections dans des conditions floues et inacceptables. Au cas ou le pouvoir en place ferais la sourde oreille, nous allons mobiliser notre peuple dont nous demandons d'ouvrir l'oeil afin de faire échec à toute manipulation et toute veilleité capable de consacrer la fraude et la tricherie en 2016 à travers la publication d'un calendrier irréaliste et non consensuel.


Entretien accordé à Joé Nzengi.

 La Rédaction.