lundi 30 mars 2015

Entretien du Mois

Entretien du mois avec Aimé Mulumba qui nous livre ses impressions sur des questions sensibles qui touchent le quotidien du Congolais. Etant un des rares Congolais de la diaspora qui critiquent sans langue de bois le supplice de ses compatriotes ...
 






Aimé Mulumba:
 
 “Je suis de l’UDPS par conviction idéologique et politique".
 

 

 

En RDC comme ailleurs, on ne cesse de parler de lui.  M. Aimé Mulumba  membre de l’UDPS évoluant en Afrique du Sud... Sa plume et sa vision pour son pays ne cessent de réveiller la classe politique congolaise. Pour certains, cette figure politique est proche de Félix Tshisekedi, d’autres disent qu’il est adhérent de l’UDPS.
 


« Ma plus grande satisfaction, c’est d’être du côté du peuple, car c’est de ce côté que la vie a plus de sens. Il m’arrive pour de diverses raisons de prendre position en défendant une pensée que je juge soutenable, mais là aussi ne signifie pas mon appartenance à ma famille biologique.» a-t-il rétorqué.

 

Qui est Aimé Mulumba?

Je tiens d’abord à vous remercier pour cette marque d’attention particulière, car vous vous enregistrez le premier média à me mettre publiquement à l’épreuve des mots, j’en suis honoré. Beaucoup sont ceux qui se renseignent nuit et jour sur ma carcasse au point de me coller des étiquettes qui n’honorent mes motivations et mon mobile citoyen.

Je suis un Congolais né à Bruxelles, issu d’une famille chrétienne, qui a passé la majeure partie de son enfance à prêcher la bonne gouvernance, l’état de droit pour combattre les maux qui paralysent le progrès socioculturel en République Démocratique du Congo.

Aujourd’hui je m’affirme politicien et je suis convaincu de ma vocation pour ce métier. Car mes parents furent les premiers à m’emboiter le pas dans ce domaine malgré mon enfance particulièrement marquée par de forts moments de solitude due à la separation parfois longue à leur coté pour des raisons d’étude qui m’ont si souvent tenu eloigné de la famille pour l’internat ou le devoir m’applellait. En depit des vents et marées, j’ai pu tenir le cap en faisant des Humanites Latin Philo à l’Institut Don Bosco de Kikwit Rive droite chez les Josephites, après un brillant passage au Petit Seminaire de Kabwe qui a formè mon caractère en dépit de certains égarements regrettables de la jeunesse, j’ai su par la grâce de mon Créateur, mais aussi des pluies de conseils que mon entourage ne cesse de me prodiguer, de parfaire mes multiples défauts pour être celui qui répond humblement à vos questions.

Vous êtes Congolais et vous vivez depuis quelques temps en Afrique du sud, que faites-vous en Afrique du sud?

Quand il pleut dehors, le mieux serait de se mettre à l’abri. L’année 1998 avec son lot de guerilla en pleine ville de Kinshasa et l’année 2001 qui a consacrée l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila en RDC était très insupportable pour bon nombre de Congolais et particulièrement pour moi en raison de cette crise confuse, pendant les durs périodes des troubles dans notre pays, il était très facile de prendre B pour 8, raison de mon départ de mon beau pays la RDC pour une destination xenophobe et malgré l’hospitalité de son environnement.

Tous ceux qui ont de fortes convictions et qui sont appelés à faire bouger les choses dans un environnement de prédation ont souvent le malheur de connaître l’exil. Je ne suis pas en  Afrique du sud de mon gré, ma magie ne s’opère qu’en RDC. Actuellement, en plus de mon appartenance à l’UDPS ou j’evolue au sein de la Fédération de l’Afrique du sud en tant que membre sympathissant.

Ingenieur Informaticien de formation, j’ai suivi une formation spécialisée en Multimedia et Software Dévelopment en Informatique de la célebre Université de Cape Town.

Vous êtes politicien, quelle lecture faites-vous de la situation actuelle dans votre pays ?
Même si au travers de mes écrits, j’affiche quelque fois des prises de position radicale  contre le pouvoir en place , je ne m’affirmerai pas fataliste. Je suis du même avis que ceux qui perçoivent la RDC comme une ambulance sur laquelle il ne faut pas tirer. Mais il faut toujours avoir les yeux rivés sur ceux qui sont aux affaires et qui pérennisent les vieilles habitudes et leur dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.

La situation socio économique de mon pays constitue ma préoccupation primordiale bien que la situation sécuritaire semble s’améliorer dans certaines parties du pays, mais il reste beaucoup à faire pour garantir la sécurité sur l’ensemble du territoire car il y a trop des cas de violation des droits de l’homme et des massacres qui continuent à se poursuivent encore dans des villages  sous contrôle des bandes armées.

La situation humanitaire reste criarde en dépit d’une liste pléthorique d’ONG intervenants en RDC; les centaines de milliers de déplacés attendent désespérément des initiatives politiques favorables à leur retour ; l’état transitoire doit tout mettre en œuvre pour qu’il y’ait reprise des activités agricoles, économiques et culturelles dans les zones déclarées vertes.

 La classe politique RD Congolaise  se prépare pour un énième forum inter congolais. Croyez-vous sincèrement à une issue favorable de ce grand rendez-vous ?

Le vocable « sincérité » n’est pas vérifiable dans les démarches des politiques nationaux, bien avant et pendant la transition en cours. Toutefois, ce dialogue national inclusif est crucial pour une sortie de crise, il est capital pour la refondation d’une nouvelle démocratie en RDC.

Les Congolais veulent comprendre pourquoi ils se sont retrouvés dans cette situation cauchemardesque, ou leur victoire lors des elections de novembre 2011 leur fut volée .Ils veulent entendre les vérités des bouches de victimes et de leurs bourreaux. Ce dialogue est le labyrinthe du repentir du peuple Congolais, les autorités transitoires se doivent d’indiquer la bonne direction à emprunter pour éviter de revivre l’effusion de sang.
Pour vous répondre, j’optimise en faveur de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale sur fond d’un travail bien effectué au préalable afin que chaque congolais  se retrouve dans ce grand rendez-vous national.

On vous taxe d’être très proche d’Etienne Tshisekedi, d’autres disent que vous êtes un membre de sa famille, que leur répondrez-vous ?

Je suis militant de l’UDPS de première heure et en tant que tel, j’ai cotoyé tous les pères fondateurs de ce parti et je côtoie des hommes politiques qui tiennent encore ce parti avec qui j’ai de très bonnes relations, mais cela n’explique en rien mon engagement, car il n’a pas de prix.
Ma plus grande satisfaction, c’est d’être du côté du peuple, car c’est de ce côté que la vie a plus de sens. Il m’arrive pour de diverses raisons de prendre position en défendant une pensée que je juge soutenable, mais là aussi ne signifie pas mon appartenance à la famille biologique. Je me souviens bien de plusieurs personnes sur les reseaux sociaux notamment sur Facebook qui passe leur temps a vilipender la famille d’Etienne Tshisekedi a cause de ses convictions politiques qualifiant cela d’interférence, oubliant que les individus sont libre de faire leur choix de servir la patrie sous differentes couleurs politiques. Faire des rapprochements entre l’appartenance politique et l’appartenance biologique moi, je trouve que des boniments !

Ces critiques me sont parvenues, elles sont tellement ridicules qu’elles me font rire par moments.
Je suis de l’UDPS par conviction idéologique politique et non par sentiment. Je suis un habile militant de l’Etat de droit garantissant toutes  les libertés humaines: la liberté d’expression, liberté d’opinion, liberté d’association, la non-violence, le respect de la vie humaine, de l’unité du peuple RD Congolais  et de la sauvegarde de notre identité culturelle.

Comme de nombreux africains, je prêche aussi l’unité africaine, je ne pense pas que le panafricanisme soit un parti politique (rire).

Dites, que pensez-vous du Dialogue de Kinshasa que le Président Etienne Tshisekedi  vient d’annoncer a travers la feuille de route de l’UDPS sur la sortie de crise en RDC . Voyez-vous par la pensée les deux hommes politiques Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi se serrer la main à l’issue d’un dialogue politique tant reclamer par l’UDPS?

Je pense que c’est cela les Accords d’Addis Abeba, c’est cette lourde responsabilité qui pousse vers toutes sortes d’action visant à s’assumer. Je dis toujours que la paix et la réconciliation en RDC doivent etre au centre des activités de l’homme politique congolais et si le forum tant souhaité par l’UDPS devait aboutir a la signature d’un accord entre le camps de Joseph Kabila qui represente le pouvoir en place et le camp d’Etienne Tshisekedi qui represente l’opposition, les elections a venir seront apaisees et credibles afin de garantir une paix durable en RDC et dans toute la sous-région  des Grands lacs.

A l’approche des futures élections en RDC, on assiste à une pléthore de candidats à la présidentielle. Qui selon vous pourrait conduire la destinée de votre pays ?

Il est encore tôt. Vous êtes sans ignorer que la Commission Electorale Independante CENI est loin de clore la liste des personnes qui veulent remplacer le président Joseph Kabila  et que c’est presque tout le monde qui convoite cette chaise fugace en RDC.
Je ne saurai faire le prix d’un poisson en liberté dans l’eau. Laissons le temps faire son temps afin que vous et moi puissions-nous prononcer sur chacun des candidats en fonction de leur histoire et de leurs programmes.
Une chose reste vraie pour mon partie l’UDPS le candidat du peuple est connu depuis et il ne reste que ce que moi j’appelle la  pure formalité pour le voir exercer le pouvoir dont on avait usurper en 2011.

Avez-vous le sentiment que ces élections peuvent se tenir l’année prochaine alors que le pays est toujours en quête d’un consensus autour du calendrier électoral ?



Qui va voter pour qui et dans quelles conditions? L’enjeu du pro-cessus électoral est majeur, national, régional voire continental. ce processus doit être un tournant historique pour la RDC car il s’agit d’obtenir la première alternance démocratique en 55 ans d’indépendance. Or, il n’est pas réaliste d’organiser les élections locales et provinciales en 2015. Alors que l’enjeu n’est pas local. C’est la présidentielle qui symbolise la crise de confiance. Pour moi, la priorité doit être donnée à l’organisation d’élections crédibles en 2016, en combinant les élections présidentielles et provinciales et, début 2017, les élections législatives et locales. «Dans ces conditions, une opéra-tion d’enrôlement de tous les électeurs, y compris des nouveaux majeurs, pourra se dérouler en moins de 12 mois, et un nouveau fichier électoral pourra être mis en place en remplacement de l’actuel fichier corrompu et tant décrié. Cela permettra de créer un consensus d’adhésion en vue d’un processus électoral apaisé.

À mon avis, c’est pratiquement impossible dans le contexte actuel à moins que la baguette magique n'existe. Même au Burkina Faso où la transition est apaisée, le facteur temps s’impose pour créer de meilleures conditions des élections à l’issu desquelles le pouvoir sera remis à un régime élu démocratiquement.


Les aiguilles de la pendule électorale semblent tourner en faveur de ceux qui soutiennent le Dialogue politique qui ne prolongera pas le mandat de Monsieur Kabila mais qui permettra l’organisation des elections fiables pour une meilleure sortie de crise heritee des elections de 2011. De très bonnes sources de la Belgique ou sejourne le President Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le dialogue est incontournable et imperatif avant la tenue de tout scrutin credible en RDC en 2016, car avec la publication d’un calendrier électoral fantaisiste, la Commission Electorale Nationale Independante de Malu Malu a encore une fois demontré de la mauvaise foi des acteurs politiques au pouvoir en RDC qui ne veulent pas d’élections apaisées et dont les resultats seront acceptables par tous.



Ce calendrier est irréaliste car assorti de 23 contraintes pour sa mise en œuvre, et fondé sur un chevauchement improbable des grandes activités électorales et pré-électorales.

Nous ne cesserons de le dire, la CENI ne dispose nullement de ressources humaines, matérielles et financières pour mener de front toutes ces opérations électorales. Par exemple, la centralisation et l’intégration des données des électeurs à peine commencés ne pourront pas se terminer avant la date prévue pour la répartition des sièges (22 mars 2015) : jusqu’ici, 732 sites sur 19.199 sites de vote, soit 3%, ont été traités en un mois environ. Pour remédier à cette incapacité, la CENI veut utiliser les données statistiques du monitoring, mais celles-ci ne vont pas refléter le nombre d’électeurs qui seront inscrits sur les listes électorales.



D’autre part, l’opération de stabilisation des cartographies opérationnelles et de fiabilisation du fichier électoral, prévue pour 127 jours dans le calendrier partiel, a consommé plus de 9 mois et n’est toujours pas achevé. Les délais prévus sont en tous cas fantaisistes, et le chevauchement prévu délibérément hasardeux, Inconstitutionnel et discriminatoire.

A ce stade quelle est votre crainte réelle?



Notre crainte est de voir le pays sombré dans les violences post électorales comme en 2006 et en 2011.  Comme cela fut le cas le sang a trop coulé dans notre pays et nous ne pouvons plus jamais cautionner cela en 2016 car le fichier électoral suscite beaucoup de doute a cause de sa revision non conforme à l'ethique électorale et la gestion opaque de la CENI.
La conséquence en est que ces scrutins devront s’organiser sur base du fichier électoral
disponible de la CENI. Or, recourir à ce fichier sans en déceler et corriger les problèmes, faiblesses c’est ad-mettre ou accepter une organisation précipitée qui cache d’avance le résultat chaotique qui va caractériser ces élections comme ce fût le cas des élections du 28 novembre 2011. 

Lors de l’installation de la nouvelle CENI, une séance d’imprégnation avait été organisée avec des experts. Le législateur congolais avait prévu des procédures et conditions pour la mise à jour du fichier électoral. Conformément à la loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des électeurs en RDC en ses articles 31 et 38, la mise à jour du fichier électoral (cas de l’opération de fiabilisation du fichier électoral de la CENI) exige le respect des certaines procédures en la matière notamment la surveillance par les témoins de toutes les opérations y afférentes. Or, au regard de la réalité sur terrain lors de cette opération, ce principe n’a été nullement observé. Ceci explique la violation ou le non-respect des procé-dures en matière de mise à jour du fichier électoral

Voilà pourquoi nous disons qu’il faut un vrai debat autour de cette situation car le fichier électoral actuel de la CENI ne prend pas en compte les électeurs autrefois mineurs mais ayant atteint la majorité (électeurs de 18 à 23 ans). Or, ces nouveaux majeurs représentent plus de 10 millions d’électeurs. Comment imaginer exclure 31% du corps électoral et priver la jeunesse de son droit de vote, en violation de l’article 5 de notre Constitution et de l’article 21 de la Déclaration de 1948? attendons de voir !

A quand rentrerez-vous au pays ?

Dans très peu de temps car le temps est orageux de ce côté (rire). Le pays a besoin de notre expertise pour servir à sa reconstruction. Voilà pourquoi avant les échéances électorales prochaines nous allons fixé notre position par rapport à notre fief électoral qui ou nous seront candidat député.

Votre dernier message à vos compatriotes Rdcongolais ?

Que le peuple congolais cesse de vivre au présent, que toutes ses entreprises soient motivées par le souci des générations à venir, qu’il lègue des nuits de repos à ses progénitures, qu’il accepte la critique, l’opinion contraire n’est pas de l’adversité ni de l’inimitié.
Qu’il s’abstienne de trahir son pays pour amasser des richesses éphémères ou l’estime des mortels. Qu’il travaille dur pour subvenir à ses besoins, qu’il aime son Dieu, son pays et son prochain, qu’il vive heureux et en sécurité sur son sol.